Contexte environnemental

Beauté et richesse
de la nature indonésienne

Composée de 17 000 îles dont les plus importantes sont Bornéo (Kalimantan), Sumatra, Java et Sulawesi…

L’Indonésie est le plus grand archipel du monde et abrite la faune et la flore les plus riches du continent asiatique.

On y trouve 10% des forêts tropicales de la planète, écosystèmes extrêmement riches d’espèces animales et végétales. Le pays compte l’une des faunes les plus diversifiées au monde ; 15% du nombre total d’espèces de primates y sont recensés dont 7 espèces de gibbons sur les 17 existantes.

Certaines espèces emblématiques sont endémiques à certaines îles : orang outans (Bornéo et Sumatra), nasiques (Bornéo), éléphants (Sumatra), gibbons de Kloss (Sumatra), gibbons agiles et siamangs (Sumatra), gibbons à barbe blanche et gibbons de Muller (Bornéo), gibbon de Moloch (Java), dragons de Komodo, etc.

La plupart des tigres, éléphants, rhinocéros ou léopards ont disparu, victimes de la chasse et du braconnage. Mais les gibbons ou les orang outans, espèces emblématiques de cette partie du monde survivent encore dans ces écosystèmes précieux et on découvre régulièrement de nouvelles espèces dans les forêts indonésiennes.

Les paysages indonésiens sont variés, on trouve des plages de sable fin à Sumatra, Lombok, îles Gili, ou aux Célèbes, des forêts tropicales à Bornéo ou Sumatra, des volcans dont le fameux Merapi sur l’ile de Java en activité et considéré comme le plus dangereux de l’archipel et l’un des plus dangereux au monde.

La majorité des volcans sont situés sur la chaîne de la Sonde qui fait 3 000 km de long, on compte 127 volcans en Indonésie.

Les forêts d’Indonésie, sont les 3e du monde en superficie après celles d’Amazonie et celles du bassin du Congo, mais sont malheureusement menacées par la déforestation.

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Le Gibbon

Le gibbon est un primate de la famille des hylobatidés. Il appartient à la famille des grands singes composée des gorilles, des bonobos, des orang-outans, des chimpanzés et bien sûr des gibbons.

Comme l’humain et les autres grands singes, il fait partie des hominoïdés.

On le trouve dans les forêts tropicales d’Asie du Sud-Est : Thaïlande, Cambodge, Vietnam, Chine, Laos, Bangladesh, Birmanie (Myanmar), Inde, Malaisie et Indonésie.

Il existe 17 espèces de gibbons, toutes menacées du fait de la disparition de leur habitat.

Certaines sont endémiques à l’Indonésie :

  • Sumatra : gibbon agile (Hylobates agilis), gibbon à mains blanches (Hylobates LAR), siamang (Symphalangus syndactylus), gibbon de Kloss (Hylobates Klossii),
  • Bornéo (Kalimantan) : gibbon à barbe blanche (Hylobates albibarbis), gibbon de Müller (Hylobates muelleri)
  • Java : gibbon de Moloch (Hylobates Moloch) aussi appelé gibbon de Java, gibbon argenté ou gibbon cendré.
Le gibbon est un singe arboricole qui se déplace dans les arbres avec une agilité et une rapidité remarquable.

Il se nourrit de fruits, de feuilles, de fleurs, parfois d’insectes, d’œufs ou d’oiseaux.

Il mesure de 70 cm à 1 mètre de haut et peut vivre jusqu’à 40 ans. Il ne sait pas nager et ne va quasiment jamais au sol.

Il partage son territoire avec d’autres primates comme les orang outans et les macaques, qui vivent un peu plus bas dans les arbres.

Le gibbon est monogame et la femelle met au monde un seul petit après 7 mois de gestation (une naissance tous les 2 à 4 ans).

Les jeunes sont sevrés vers l’âge de 2 ans et restent avec leurs parents jusqu’à l’âge de 7 ans, avant de partir à la recherche d’un partenaire avec lequel ils resteront toute leur vie. Le mâle et la femelle partagent la dominance, mais seule la femelle transporte les petits.

Chaque couple vit sur un territoire d’une douzaine d’hectares qu’il délimite chaque matin avec un chant bien particulier.

Ecoutez le chant des gibbons
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Ce chant est l’une des causes de leur disparition :

Il permet aux braconniers de localiser facilement les animaux. Ils sont chassés pour le commerce illicite de la faune sauvage ou pour la médecine traditionnelle.

Ce sont des animaux très territoriaux, capables de s’entretuer pour un territoire. L’homme est son principal prédateur.

Le siamang, qui est le plus grand des gibbons, est reconnaissable à ses 2 doigts fusionnés sur chaque main. On le trouve principalement sur l’île de Sumatra. Il a une poche gutturale qui se gonfle lorsqu’il chante.

Les 17 espèces de gibbons sont protégées par l’annexe 1 de la Convention de Washington, rédigée le 3 mars 1973 et ratifiée par la France le 31 décembre 1992. Les gibbons sont sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) c’est-à-dire menacés d’extinction à court terme.

Environ 3 000 gibbons seraient détenus illégalement par des particuliers rien que pour l’île de Bornéo. On estime à 80 000 le nombre de gibbons vivants à l’état sauvage dans toute l’Asie du Sud-Est (chiffres UICN). Le gibbon de Hainan (Nomascus hainanus) en Chine est le plus menacé. En 2015, il restait 28 de ces animaux à l’état naturel. Il resterait environ 1 500 gibbons de Kloss sur les îles Mentawai, situées au large de Sumatra.

Problématique de la
déforestation

L’Indonésie est l’un des pays où la déforestation est l’une des plus importantes au monde.

En 50 ans, elle a perdu plus de 50% de ses forêts, qui couvraient 75% de son territoire. Les îles de Sulawesi, Java, Sumatra et Bornéo sont les plus touchées, ces 2 dernières ayant perdu entre 60 et 70% de leurs forêts à cause du palmier à huile.

Coupes illégales de bois tropicaux, accroissement rapide du nombre d’exploitations de palmiers à huile, défrichage pour augmenter les surfaces cultivables et installer les populations migrantes, gigantesques feux de forêts, voilà pourquoi les forêts tropicales indonésiennes disparaissent à un rythme inquiétant : l’équivalent de la surface de 3 terrains de football de forêt disparaît chaque minute en Indonésie.

Avec 47 millions de tonnes d’huile de palme et 4,6 millions de tonnes d’huile de palmiste (noyau du fruit) produites en 2019, l’Indonésie est devenue le premier pays producteur d’huile de palme, devant la Malaisie. Une culture industrielle qui entraîne une pollution atmosphérique lors de la conversion des forêts et par la suite des cours d’eau, avec le déversement des engrais et pesticides…

Toute compagnie obtenant une concession de la part du gouvernement provincial peut détruire la forêt à sa guise. Ces concessions peuvent être des terres ancestrales appartenant à des peuples de la forêt comme les Orang-Rimba de Sumatra ou les Penan de Bornéo, auxquels elles sont volées.

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Le fléau de l’huile de palme…

Avec une taille pouvant aller jusqu’à 25 000 hectares par exploitation, et des consortiums montant à plusieurs centaines de milliers d’hectares de monoculture, quand le dévolu est mis sur une région forestière c’est une catastrophe environnementale. Les industriels de l’huile de palme incitent les petits propriétaires terriens, souvent des villageois, à planter des palmiers sur leurs parcelles, ce qui provoque des départs de feux plus en plus nombreux lors des saisons sèches. Ces surfaces sont rarement prises en compte dans les chiffres officiels. La situation administrative est telle que certaines exploitations de palmiers à huile sont présentes dans les parcs nationaux. L’abattage illégal de bois a été reconnu dans 37 des 41 parcs nationaux à travers des relevés des autorités indonésiennes.

Les fumées toxiques qui recouvrent régulièrement Bornéo et Sumatra, exaspèrent de plus en plus la population locale. Mais le pays est dirigé d’une main de fer et la contestation ne fait pas partie des habitudes des indonésiens.

Certaines années les chiffres de la déforestation baissent ce qui passe pour un signal positif. En réalité, ces baissent sont souvent dues à une météo pluvieuse qui empêche de brûler les parcelles, ce sera fait à la prochaine saison sèche…

La production d’huile de palme a triplé en 20 ans et son usage pour les carburants accélère grandement cette progression. Cependant une lueur d’espoir vient des pays occidentaux, comme la France, où le grand public est de plus en plus réticent à acheter des produits contenant de l’huile de palme. 

Le palmier à huile

(Elaeis Guinensis)

Originaire d’Afrique de l’Ouest il a d’abord été importé en Malaisie comme plante d’ornement, et a commencé à y être cultivé pour son huile vers 1917. Dans les années 60, sa culture s’est accélérée et s’est étendue à l’Indonésie. Ses fruits et ses graines riches en huile sont destinés à l’alimentation industrielle, la cosmétique et les agrocarburants.

Il mesure de 15 à 25 m de haut, avec des feuilles mesurant de 5 à 7 m de long. Le fruit contient un noyau ovale qui contient la graine ou amande, appelée palmiste, riche en lipides et qui fournit l’huile de palmiste. La pulpe de couleur jaune orangé, renferme près de 50% de lipides qui constituent l’huile de palme. Les noix de palme (fruits) sont groupées en régimes comportant jusqu’à 1 500 fruits.

Le palmier est productif en 3 ans et peut être exploité 20 ans. Les régimes sont récoltés à la main en continu, 2 à 3 fois par an ce qui fait 10 à 30 tonnes de régimes par hectare et par an.

Cette monoculture gigantesque détruit la biodiversité des forêts tropicales.

Les nombreux feux illégaux (jusqu’à 80% des feux) volontairement incontrôlés détruisent en une année des centaines de milliers d’hectares de forêts. Les terres brûlées sont alors rattachées aux forêts de conversion et données par l’état à des sociétés de plantation généralement asiatiques. C’est la mise devant le fait accompli. Certaines années la situation est telle que les aéroports de Bornéo, Sumatra ou de pays voisins (Singapour, Malaisie, Vietnam etc) doivent être fermés à cause des fumées qui rendent tout vol impossible.

Un film qui en dit plus qu’un long discours GREEN de Patrick Rouxel.

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Les différents noms de l’huile de palme

  • Huile végétale
  • Elaeis guinensis
  • Palm oil kernal
  • Palm fruit oil
  • Tous les autres noms avec « palm »
  • Et beaucoup d’autres…

Liste des différentes dénominations de l’huile de palme

Le trafic de la faune sauvage

La disparition des habitats naturels met en péril la survie de la faune sauvage. Elle aggrave le trafic d’animaux sauvages car l’accès à la forêt et à ses ressources est facilité.

Au niveau mondial ce trafic se situe en 3e position après le celui de la drogue et des armes. Au contact des hommes, les animaux sauvages peuvent développer des maladies qui déciment leurs populations.

En Indonésie certaines espèces sont capturées pour être mangées comme les chauves-souris (roussettes) ou les singes nasiques, pourtant proches de l’extinction, endémiques de Bornéo. Malgré leur statut d’espèces protégées, elles sont chassées pour être vendues sur les marchés locaux ou sont directement consommées par ceux qui les ont capturées.

D’autres espèces, comme les pangolins ou les ours, sont destinés, morts ou vivants, au marché chinois pour la gastronomie ou la pharmacopée (et ses croyances…). Les habitudes culinaires varient ; à certains endroits on mange des chiens, ailleurs les hommes fleurs de l’archipel de Mentawaï mangent les gibbons de Kloss.

Les bébés gibbons eux sont capturés pour être vendus comme jouets vivants.

Très fragiles, leur durée de vie est en générale courte, le stress de la captivité dans de mauvaises conditions les condamnent vite. S’ils survivent jusqu’à l’âge adulte ils deviennent souvent ingérables et sont alors souvent tués par leur propriétaire.

Peu d’animaux échappent à ces trafics ; ours, chats léopards, langurs, macaques, tortues, loutres, ou bien sûr orang outans, se retrouvent arrachés à leur forêt, enfermés à vie illégalement par des particuliers, restaurants, resorts pour touristes, où ils n’ont pas leur place.

Malheureusement, même quand les fonctionnaires du Département des forêts, sensés les confisquer font leur travail, il est difficile de leur trouver un placement. Les centres officiels de détention pour ces animaux sont des mouroirs et leur sort ne sera pas plus enviable…

Les croyances et habitudes sont ancrées depuis des générations et changer les mentalités est difficile. En cas de possession illégale d’un animal sauvage, les sanctions ne sont quasiment jamais appliquées, corruption et laisser aller sont souvent la norme.

Certaines espèces, comme les macaques, ont un sort encore moins enviable car aucune loi ne les protège, et ils sont considérés comme des nuisibles. Ils sont souvent capturés et dressés avec violence pour devenir des macaques dansants « Topeng Monyet », une pratique interdite dans certaines régions dont Jakarta et ses alentours.